INTRODUCTION
Dans un contexte marqué par une intensification des tensions entre le pouvoir en place, dirigé par Faure GNASSINGBE, et une jeunesse togolaise engagée, tant sur les réseaux sociaux que dans l’espace public — tensions ayant conduit à l’émission de mandats d’arrêt internationaux à l’encontre des figures de proue de ce mouvement sociopolitique, pour la plupart établies à l’étranger — il apparaît pertinent d’interroger les modalités de participation politique de la diaspora togolaise. En prenant le suffrage comme centre de gravité et le droit togolais comme levier d’analyse pour explorer d’autres ordres juridiques, cette étude entend contribuer à la réflexion sur le droit de vote et la garantie des droits civils et politiques des citoyens.
En 2009, le professeur Dodzi KOKOROKO écrivait que : « les élections disputées depuis 1990 sont portées par un élan ambigu. Elles constituent, dans une certaine mesure, une grande avancée pour la démocratie en Afrique noire francophone. Le pouvoir politique devient théoriquement accessible, tout au moins il s’ouvre à un plus grand nombre d’acteurs. Les élections attestent ainsi de l’évolution des comportements politiques et d’une nouvelle vision du politique. Bien entendu, même si elles ne sauraient à elles seules être un gage de démocratie, elles n’en sont pas moins, quelles que soient leurs limites, une condition nécessaire du développement démocratique. Cependant, cette grandeur de l’élection célébrée par sa consécration constitutionnelle s’éclipse rapidement devant les déceptions et régressions engendrées dans la pratique »[1]. Aussi, après avoir dressé le sombre bilan de ces années de déceptions et de régressions en matière électorale, ajouta-t-il : « L’impression générale qui s’en dégage est qu’on se joue de l’électeur, c’est-à-dire, en fin de compte, qu’on se joue de la nation à travers les lois électorales (…) »[2]. Dans les lignes qui suivent, nous démontrerons que, plus d’une quinzaine d’années après, cette diatribe n’a rien perdu de sa pertinence dans le contexte togolais.
[1] D. KOKOROKO, « Les élections disputées : Réussites et échecs », Pouvoirs n°129, avril 2009, pp. 115-116.
[2] Ibidem, p. 118.