L’État unitaire est la forme dominante de l’État sur le continent africain. Formellement, on compte trois États ayant adopté un système fédéral : le Nigéria, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud. Le faible nombre d’États fédéraux s’explique assez aisément par des raisons historiques.
Au moment de la décolonisation, l’objectif était de créer un sentiment national dans des États construits de toute pièce par les colons [1]. Les frontières arbitraires créées par la conférence de Berlin en 1885 devaient être respectées selon le principe d’uti possidetis, corollaire de l’octroi de l’indépendance [2].
Pourtant une des marques de ces États était la coexistence en leur sein de plusieurs ethnies (plus de 100 par exemple au Cameroun) et la séparation d’une même ethnie entre deux ou plusieurs États (Haoussa au Niger et Nigéria ; Fangs au Gabon, Cameroun et Guinée Équatoriale). Bien évidemment ces problèmes ne sont pas propres au continent africain comme le montre sur le continent européen les problèmes posés par les Basques entre la France et l’Espagne, ou, de manière plus marquée, le phénomène de scissiparité étatique dans les Balkans.
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[1] Pour résumer ce point de vue on peut citer la déclaration de M. Mobutu Sese Seko, « La démocratie n’est pas pour l’Afrique. Le Chef africain ne partageait pas son pouvoir. Ce qu’il nous faut au Zaïre, c’est l’unité », Wall Street Journal, 14 octobre 1985.
[2] Yapko (E.K.M.), « The African concept of uti possidetis – need for change ? », in Liber Amicorum Mohamed Bedjaoui, E. Yapko et T. Boumedra (eds.), Kluwer Law International, 1999, The Hague-London-Boston, pp. 271-290. Medhi (R.) et Sorel (J-M), « L’uti possidetis entre la consécration juridique et la pratique : essai de réactualisation », Annuaire Français de Droit International (1994), p. 11-40.