
Résumé
Dans le contexte d’une nouvelle version de la diplomatie chinoise centrée sur le capitalisme d’État, qui encourage l’expansion de ses firmes multinationales en Afrique, cet article, à travers le cas du Congo, a pour objectif de montrer les faiblesses de l’application de ce modèle capitaliste en terre africaine, car il entraîne une interdépendance asymétrique. L’intérêt de cet article est de produire des connaissances en relations internationales, d’abord sur la façon dont l’investissement chinois se transforme en dumping social, ensuite sur les conséquences de cette interdépendance asymétrique entre les entreprises chinoises et leurs employés et les entreprises locales. Pour cela, nous aurons recours au cadre théorique de l’interdépendance complexe développée par Keohane et Nye (1977), en évoquant spécifiquement l’interdépendance asymétrique entre employeurs (notamment les firmes multinationales chinoises) et tous leurs employés, entre ces firmes multinationales et les entreprises locales des pays hôtes, dans le cadre de la sous-traitance. D’un point de vue méthodologique, il semble que les approches empirique et analytique sont un point d’ancrage stimulant pour souligner les faiblesses du modèle du capitalisme d’État, en s’appuyant sur des données à la fois quantitatives et qualitatives. Cette analyse microscopique[1] des relations internationales permet de confirmer que le modèle de gestion des entreprises, favorisé par le capitalisme d’État, entraîne de l’interdépendance asymétrique qui favorise à son tour le dumping social, surtout si le pays d’accueil ne fait pas appliquer la réglementation du travail. L’apport de cet article à la science politique réside dans le fait qu’il permet d’analyser la situation d’interdépendance qu’entraine la relation sino-congolaise, qui touche particulièrement le bien-être des travailleurs, et cela grâce à la théorie des relations internationales qu’est l’interdépendance complexe.
Summary
In the context of a new version of Chinese diplomacy centered on state capitalism, which encourages the expansion of its multinational firms in Africa, this article, through the case of Congo, aims to show the weaknesses of the application of this capitalist model on African soil, because it leads to asymmetrical interdependence. The purpose of this article is to produce knowledge in international relations, firstly on how Chinese investment turns into social dumping, and then on the consequences of this asymmetrical interdependence between Chinese companies and their employees and local companies. To do this, we will use the theoretical framework of complex interdependence developed by Keohane and Nye (1977), specifically mentioning the asymmetric interdependence between employers (notably Chinese multinational firms) and all their employees, between these multinational firms and local companies in host countries, in the context of subcontracting. From a methodological point of view, it seems that empirical and analytical approaches are a stimulating anchor point to highlight the weaknesses of the state capitalism model, drawing on both quantitative and qualitative data. This microscopic analysis of international relations confirms that the business management model, favored by state capitalism, leads to asymmetric interdependence which in turn favors social dumping, especially if the host country does not enforce labor regulations. The contribution of this article to political science lies in the fact that it allows us to analyze the situation of interdependence that the Sino-Congolese relationship entails, which particularly affects the well-being of workers, thanks to the theory of international relations that is complex interdependence.
Mots-clés
Interdépendance asymétrique, capitalisme d’État, diplomatie des firmes multinationales, dumping social, marché de l’emploi.
Keywords
Asymmetric interdependence, state capitalism, multinational diplomacy, social dumping, labor market
[1] Une analyse microscopique consiste à étudier chaque acteur international (État, OIG, ONG, multinationales…) comme une donnée unique et qui adopte des comportements obéissant à des contraintes particulières.