
Introduction
La place du pouvoir exécutif dans la gouvernance de la République est une vieille question de la philosophie qui a influencé la doctrine juridique. Le pouvoir exécutif est pourtant une donnée constante des administrations africaines et semble se présenter du reste comme la figure de proue dans l’élaboration des normes. Du politeia grec à la Respublica latin, le concept de gouvernance et de recherche de la meilleure forme de gouvernement a traversé le temps bien avant l’époque des révolutions en Europe qui ont déterminé plus ou moins la forme actuelle des Etats. Dans une contribution parue en 1906, Joseph BARTHELEMY avançait qu’« au premier rang des problèmes que soulève l’établissement de la République, s’imposent comme les plus importants et les plus délicats ceux qui intéressent le pouvoir exécutif. C’est sous des formes diverses et des aspects complexes qu’ils sollicitent l’attention des constituants.[1] » Cette attention fut l’œuvre d’une histoire modelée et remodelée au gré de l’évolution des sociétés et de la place que celles-ci ont bien voulu conférer au « premier dirigeant » dans l’élaboration des normes pour la République. Il n’est cependant pas anodin de souligner que l’association du Chef de l’Etat à l’élaboration des normes au sein de l’Etat n’est pas une consécration récente[2]. Cette association s’incarne néanmoins dans les manifestations du pouvoir réglementaire du Chef de l’Etat dont la compréhension nécessite au préalable une définition des concepts.
[1] Joseph BARTHELEMY, Le rôle du pouvoir exécutif dans les Républiques modernes, Paris, Giard et Brière, 1906, p. 5.
[2] Benoît PLESSIX, Droit administratif général, 4e édition, Paris, Lexis Nexis, 2022, p. 39.