« Celui qui se bat pour quelque chose ; c’est que c’est pour lui la chose. Vrai ou  faux ? ».

 

C’est en ces termes assez atypiques et à la fois amusant mais pas suffisamment clairs de sens que le chef de la junte militaire au Burkina Faso va galvaniser les éléments d’un détachement militaire lors d’une visite de terrain dans le cadre de la lutte contre les attaques terroristes auxquelles le pays fait face depuis l’année 2015. Après donc s’être battu pour sa chose ; c’est-à-dire le pouvoir, le Gouvernement de transition issu du coup d’Etat militaire du 24 janvier 2022 renoue avec une pratique qui rappelle l’époque révolutionnaire. L’on a toujours à l’esprit les 1400 instituteurs dégagés par le conseil national de la révolution le 23 mars 1984 suite à une grève déclenché par le syndicat national des enseignants africains de Haute Volta[1].

Ainsi, sous couvert d’une prétendue dépolitisation de l’administration dont les contours restent à définir, le conseil des ministres de la transition procède régulièrement à des révocations d’agents publics. Tel est le cas dans l’extrait du conseil des ministres en sa séance du 03 août 2022 dans lequel deux cadres sont relevés de leur fonction respective de conseiller technique et de chargé de mission auprès du ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale.

Pendant que certains sont révoqués simplement, d’autres le sont pour justes motifs[2] tandis qu’une troisième catégorie l’est avec effet immédiat[3] selon le bon vouloir de l’autorité sans égard au respect du principe de légalité encadrant l’action administrative.



[1] Le Conseil National de la Révolution décide le licenciement des enseignants après avoir pris connaissance d’un rapport des services de sécurité présentant cette grève comme faisant partie d’un complot contre-révolutionnaire. Le président Thomas SANKARA qui était absent à ce conseil convoque le lendemain un conseil des ministres pour tenter de revenir sur le licenciement des enseignants grévistes, mais la mesure est maintenue. https://www.wakatsera.com/les-grandes-dates-de-la-vie-de-thomas-sankara-21-decembre-1949-4-aout-1983-15-octobre-1987/. Consulté le 30 septembre 2022.

[2] Le Conseil des ministres du mercredi 27 juillet 2022 a mis fin aux fonctions de l’agent judicaire de l’Etat, Karfa GNANOU. Le compte rendu du conseil des ministres annonce qu’il a été relevé de ses fonctions pour juste motif.

[3] Au point III.2 relatif aux révocations dans les fonctions individuelles, le compte rendu du conseil des Ministres en sa séance du 25 mai 2002 a démis avec effet immédiat de leurs fonction MM. Lassané SAWADOGO et M. Daouda SIMBORO respectivement Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale et Directeur général de la Banque agricole et du développement du Burkina Faso.

Sylvain OUEDRAOGO

Maître-Assistant à l’Université Joseph KI-ZERBO