RESUME

La présente réflexion est une contribution au débat sur la situation sécuritaire de l’Afrique avec les mutations du terrorisme. La menace terroriste a pris des proportions beaucoup plus inquiétantes dans certaines parties du continent en s’intéressant au vecteur de la navigation internationale. Le 17 février 2014, un avion d’Ethiopian Airlines effectuant un vol Addis Abeba-Rome a été détourné par le copilote sur Genève où l’avion avait été forcé d’atterrir par le pirate de l’air. Le 31 octobre 2015 un avion A321 de la compagnie Russe Metro jet avait connu une explosion en plein vol au niveau du désert Sinaï en Egypte. Cette explosion qui avait tué 234 passagers et les membres d’équipage a été revendiquée par l’Etat islamique. Le 03 février 2016 avion, exploité par la compagnie somalienne Daallo Airlines qui se rendait à Djibouti avec 74 passagers à bord, a atterri en urgence quelques minutes après son décollage de l’aéroport de Mogadiscio, avec un trou dans le fuselage causé par une bombe. Cette action a été a été revendiqué par le groupe terroriste Al-Shabbaab qui déclarait le 10 jours après que l’attaque de l’aéronef a été perpétrée en représailles aux opérations menées par les services de renseignement de pays occidentaux en Somalie. Le 29 mars 2016, un avion de la compagnie nationale égyptienne a été détourné par un pirate de l’air égyptien sur l’aéroport international de Larnaca, à Chypre. Dans le domaine de la navigation maritime, une récente attaque terroriste du Bateau Tombouctou de la compagnie malienne de navigation sur le fleuve Niger le 7 septembre 2023, tuant ainsi 49 civils) a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). En effet, le choix de s’attaquer au développement du trafic des transports aériens et maritimes modifie fondamentalement les notions essentielles de stratégie, de sanctuaire, de base arrière et de zone de combats. Ainsi, en matière de protection des moyens de transport aérien ou maritime, ont été élaborées des instruments juridiques faisant obligations aux Etats de prendre des mesures nécessaires visant à protéger la navigation internationale contre les actes terroristes. Notre texte analyse la pertinence de ces obligations conventionnelles à la lumière de l’évolution des stratégies terroristes, qui exploitent les technologies modernes et les lacunes juridiques. L’article aborde aussi les mécanismes de coopération régionale et internationale, soulignant la nécessité d’une action collective et coordonnée des États africains pour renforcer la sécurité des espaces stratégiques maritimes et aériens face aux défis terroristes en constante évolution.

Nfally CAMARA

Docteur en droit public - Assistant à la Faculté des Sciences juridiques et politiques - Université Cheikh Anta Diop de Dakar