RESUME

 

En réformant, il y a quelques années, son arsenal juridique répressif à travers la loi no 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal, le législateur camerounais entendait actualiser sa loi pénale en prenant en charge les nouvelles formes de criminalité. Malgré l’exaltation dont ce texte a fait l’objet en raison de ses multiples innovations, les comportements repréhensibles des hommes ont continué d’évoluer, entraînant des mutations constantes du phénomène criminel qui invitent le législateur à une veille permanente, et par conséquent à une activité législative régulière. La recrudescence dans la société camerounaise des pratiques d’escroquerie sentimentale, qui portent de graves atteintes à la sécurité des personnes et de leurs biens, invitent dès lors à se demander s’il ne faudrait pas consacrer l’infraction d’escroquerie sentimentale en droit pénal camerounais. Un tel questionnement, qui se situe au confluent de la politique criminelle, de la philosophie, du droit, de la légistique et de la sociologie, est porteur d’un conflit idéologique entre les thèses qui pourraient justifier une opposition ou une adhésion à l’idée de pénaliser ce phénomène nouveau. Garant de l’ordre public, de l’efficacité et de l’actualité de la loi pénale, le législateur camerounais se doit de répondre de manière satisfaisante à cette interrogation. L’hésitation à y répondre par l’affirmative, justifiable à plusieurs titres, doit pouvoir tout de même être surmontée par la nécessité actuelle d’incriminer ledit phénomène.

Mots clés : Pénalisation, Escroquerie sentimentale, Principe de nécessité.

ABSTRACT

When Cameroon’s legislature reformed its repressive legal system a few years ago with Law 2016/007 of 12 July 2016 on the Criminal Code, it intended to update its criminal law by taking into account the new forms of crime.  Though this text has been much appreciated for its many innovations, reprehensible human behaviour has continued to change, leading to regular modifications in the criminal phenomenon that require the legislator to keep a constant look and, therefore a steady  legislative activity. The resurgence in Cameroonian society of emotional swindling practices, which seriously undermine the security of individuals and their property, raises the question of whether the offence of sentimental swindling should be enshrined in Cameroonian criminal law. Such questioning, which lies at the confluence of criminal policy, philosophy, law, legal theory and sociology, gives rise to an ideological conflict between the theses that could justify opposition to or support for the idea of penalising this new phenomenon. The Cameroonian legislator, as the guardian of public order, effectiveness and timeliness of the criminal law, has a duty to provide a satisfactory answer to this question. Although the hesitation to reply positively is justifiable on several grounds, it must be overcome by the current need to criminalise the phenomenon in question.

Keywords : Penalization, Sentimental swindling, Principle of necessity.

KANCHOP Thierry Noël

Chargé de cours à l’Université de Yaoundé II - Cameroun