Il a toujours été considéré que la juridiction constitutionnelle joue un rôle éminemment politique. Maurice DUVERGER estimait  à cet égard que «  le Conseil constitutionnel est une juridiction politique, en ce sens que son rôle est celui d’un juge, mais il est exercé dans les matières politiques et plus encore dans des buts politiques ».[1] Pour Robert BADINTER, cette juridiction constitue  un véritable contrepouvoir politique.[2] De l’avis de PALOUKI MASSIMA, l’office du juge constitutionnel africain francophone se situe entre la politique et le droit.[3] En effet, bien que le juge et le politique soient étroitement imbriqués,[4] l’on doit bien admettre que par principe, la justice assure fondamentalement des missions juridiques, celles d’appliquer le droit, de faire respecter les droits, d’appliquer aux difficultés pratiques des solutions juridiques et de concrétiser l’idéal de justice.[5] En matière constitutionnelle, l’idéal de justice conduit le juge à s’intéresser non plus exclusivement aux questions de séparation des pouvoirs et de droits fondamentaux,[6] mais également aux matières financières. En ce sens, le développement du contrôle de constitutionnalité des lois des finances amène à constater que le juge constitutionnel se mue de plus en plus en juge financier[7]. Dans la même veine, Téléphone ONDO estime qu’on s’achemine vers l’émergence d’un véritable droit constitutionnel financier.[8]

[1] M. DUVERGER, Institutions politiques et droit constitutionnel, Paris, PUF, 5e éd, 1960, p. 638.

[2] R.BADINTER, « Le pouvoir et le contre-pouvoir », Le Monde, 23 novembres 1993.

[3] P.MASSIMA, « Le juge constitutionnel africain francophone : entre politique et droit », in Revue française de droit constitutionnel 2017/3 (N° 111), pp. 641-670.

[4] Voir à cet égard H. HERMEL, M-A. FRISON-ROCHE, Le juge et le politique, Paris, PUF, 1998, 265 p.

[5]  Ibid.               

[6] D’après l’article 16 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la séparation des pouvoirs et les droits fondamentaux constituent l’essence d’une constitution.

[7] N. MEDE, « Le juge constitutionnel, un juge financier ? », in O.NAREY (dir.), La justice Constitutionnelle, L’Harmattan, Novembre-décembre 2016, pp. 245–261.

[8] T. ONDO, « Vers un droit constitutionnel financier au Gabon », Revue juridique et politique des Etats francophones, janvier –mars  2017, n°1, pp. 3-46.

Willy MOUNOM MBONG

Maitre-assistant de droit public, Université de Dschang, Cameroun