Il y a deux ans, la revue « Afrilex » avait consacré un numéro spécial à « La conditionnalité juridique en Afrique » (Afrilex n°2, septembre 2001). Cette initiative résultait d’un besoin de porter un regard sur la nature des relations de coopération entre les pays africains et ceux de l’Occident dans le cadre du processus de démocratisation que connaissent les premiers depuis le début des années 90 sous la pression des seconds, et de faire le bilan de cette conditionnalité de l’aide en Afrique.
Le thème du présent numéro vient compléter celui-ci en ce sens qu’il porte sur l’un des domaines les plus importants de la politique des États et qui touche à la fois l’économie et la science juridique : les finances publiques. Cette discipline juridique, on le sait, a la particularité d’englober à la fois des aspects constitutionnel, politique, financier, économique et social. Pour cette raison, elle constitue un domaine d’action étatique d’une importance capitale pour le développement des États, en même temps qu’elle est un champ d’étude et de réflexion pour les chercheurs s’intéressant aux conditions du développement institutionnel et politique des pays d’Afrique.
Pourtant, elle est rarement traitée de manière globale dans les revues juridiques africaines. Aussi, il nous a paru judicieux – pour ne pas dire nécessaire – de lui consacrer un numéro spécial conçu et dirigé par le Professeur Eloi DIARRA de l’Université de Rouen, à qui nous adressons tous nos remerciements pour avoir accepté notre proposition et réussi à réunir autant de contributions de qualité, aussi intéressantes les unes que les autres et touchant des domaines des plus variés. Un « numéro spécial » qui contribuera sans aucun doute à éclairer les lecteurs sur un certain nombre de questions qui se posent en la matière dans les pays africains, et à actualiser d’autres problématiques que cette discipline juridique suscite aujourd’hui dans ces mêmes pays, en particulier depuis que le processus de démocratisation dans lequel ils se sont presque tous engagés au début des années 90, leur impose transparence et « bonne gouvernance » dans la gestion de la Cité.
Bien évidemment, un sujet aussi vaste que celui des finances publiques en Afrique ne peut faire l’objet d’études exhaustives, quelle que soit l’importance que nous accordons à ce numéro. Pour cette raison également, la revue n’exclut pas la possibilité de recueillir et de publier d’autres analyses que les chercheurs intéressés par ces questions nous auront proposées.
Enfin, ce numéro spécial sur les « finances publiques en Afrique » est dédié à un chercheur associé du centre, notre cher collègue et ami Félix François Nicolas NGOMA de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui avait une telle passion pour les finances publiques et dont les enseignements et la disponibilité étaient si appréciés par les étudiants, que sa disparition prématurée le 22 janvier 2004 laissera un grand vide dans les amphithéâtres et dans nos cœurs.