Introduction
La théorie du Peuple est la substantifique moelle de la pensée politique moderne, serait-on tenté de considérer. Des cités antiques aux sociétés politiques contemporaines, c’est partant du Peuple que la rationalité juridique s’est imposée aux Etats démocratiques. Mais, force est de constater que l’évolution n’a pas été linéaire ; les théories du Peuple véhiculées sont fonction des jugements formulés sur le sens et la pratique de la démocratie. Avec une conciliation, du reste conflictuelle, des valeurs d’égalité et de liberté, des nuances dans l’interprétation de la démocratie, apparaissent, avec éclat, dans la pensée politique du XVIIIe siècle. Pour rappel, l’idée maîtresse de la pensée de Montesquieu est que la source de liberté se trouve dans le gouvernement modéré, parce que limité. Le pouvoir du Peuple n’est pas nécessairement la liberté du Peuple. Il se peut qu’une démocratie soit tyrannique si la majorité y opprime la minorité car il lui manque le ressort supplémentaire de la vertu.
Dans l’exacte antithèse, l’idéal d’un gouvernement qui assure la liberté est tributaire, dans la pensée de Jean-Jacques Rousseau, aussi bien de la manière dont sont faites les lois que de son contenu sous la forme d’une expression de la volonté générale. Finalement, on ne peut en disconvenir, le réalisme libéral s’illustre comme conscience de l’Etat démocratique. Sous cet angle de réflexion, Alexis de Tocqueville a comparé les prétentions des Constituants de 1787 aux Etats-Unis d’Amérique et de 1791 en France pour en déduire qu’ « il s’agit bien moins pour les partisans de la démocratie de trouver le moyen de faire gouverner le Peuple que de faire choisir au Peuple les plus capables de gouverner ».

Meïssa DIAKHATE

Maître de Conférences agrégé Faculté des Sciences juridiques et politiques Université Cheikh Anta Diop de Dakar / Sénégal

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