C’est un constat malheureux, fait d’ailleurs par le père de la polémologie, Gaston Bouthoul : la guerre est une réalité sempiternelle, « l’un des phénomènes sociaux les plus réguliers et les plus constants »[1]. Aussi, les États, d’hier et d’aujourd’hui, démocratiques ou non, n’ont-ils pu s’empêcher de s’en emparer, certes d’après des procédés et mécanismes divers. En effet, la réalité est que guerre et pouvoir politique ont toujours eu une liaison presqu’intime[2]. La guerre a parfois engendré le pouvoir politique. Dans ce sens, Voltaire voyait sans doute juste, indiquant que « le premier qui fut roi fut un guerrier heureux »[3]. Louis Delbez fit une observation semblable, convaincu que « la fonction de la guerre par rapport au pouvoir ne se borne pas à ce rôle d’accoucheuse, le pouvoir une fois né se développant selon ses propres lois. En réalité l’union reste toujours intime entre guerre et pouvoir et tout progrès d’un des deux termes engendre un progrès corrélatif de l’autre »[4].



[1]  Gaston Bouthoul, Traité de polémologie. Sociologie des guerres, Paris, Payot, 1991, p. 267.

[2] Même la démocratie et la guerre :Wolfgang Merkel, « Democracy through war ? », in Wolfgang Merkel and Sonja Grimm (ed), War and Democratization, London, Routledge, 2009, pp. 31-52.

[3] Voltaire cité par Louis Delbez, « La notion sociologique de la guerre », Revue générale de droit international public, 1952, Tome LVI, pp. 5-33, p.7.

[4] Louis Delbez, « La notion sociologique de la guerre », op. cit., p. 7.

DABIRE Samson Mwin Sôg Mé

Assistant à l’UFR/SJP – Université Thomas SANKARA (Burkina Faso)