Est-ce que le droit public n’est pas à l’épreuve de la gestion des grandes cités en Afrique noire francophone ? Le débat peut se poser d’emblée au regard des slogans qui font loi en matière de réforme de l’Etat . La réforme de l’Etat a donné lieu à la reconsidération de la décentralisation dans les modalités d’administration de l’Etat , justifiant la dialectique des rapports centre-périphérie qui se lit toujours en termes de conflit entre le principe d’unité et celui de liberté d’où, l’option permanente du contrôle de l’Etat sur le « local ». En effet, l’institutionnalisation de l’Etat en Afrique est un legs de la colonisation. Cette colonisation a associé les populations – quoique suivant des processus différents – à la gestion de leurs propres affaires. Ce qui s’est traduit institutionnellement par la création des premières communes. L’histoire, du Burkina Faso , du Cameroun , du Congo Brazzaville , du Mali ou du Sénégal est assez illustrative de la question. La mise sur pied des premières communes remonte au Mali à 1918 avec la création des communes du Soudan français de Bamako et Kayes. Elle sera poursuivie par la création des communes de Segou et de Mopti en 1952, puis de Sikasso en 1954. Au Sénégal, le processus est amorcé plutôt encore. C’est en 1854 qu’est adoptée la loi du 5 avril instituant des communes de plein exercice dans la colonie du Sénégal, siège du Gouvernement de l’Afrique Occidentale Française. Il en est de même du Congo Brazzaville où la première institution communale voit le jour en 1911 avec la commune de Brazzaville. Au Cameroun, avec sa colonisation tout à fait singulière, ce n’est qu’en 1941 que la communalisation sera amorcée avec la mise sur pied des communes mixtes et s’achèvera par la création des communes de plein exercice et des communes de moyen exercice.

John Richard KEUDJEU DE KEUDJEU

Docteur/Ph.D en Droit Public Maître-assistant/FSJP/Université de Dschang (Cameroun)

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