Dix-huit mois après les Accords de Libreville du 11 janvier 2013, un nouvel accord de cessation des hostilités a été signé à Brazzaville, le 23 juillet 2014. Cet Accord de Brazzaville aura-t-il plus d’impact sur la crise centrafricaine que les Accords de Libreville ?

Il faut le souhaiter mais les conditions d’organisation de cette réunion et les difficultés rencontrées pour aboutir à un simple accord de cessation des hostilités1 incitent au doute. Le Forum de Brazzaville a été décidé moins d’un mois auparavant2 et n’a pas fait l’objet d’une véritable préparation politique. Malgré les nombreuses incitations, une dizaine de partis politiques, regroupés au sein de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition, ont refusé d’y participer et des organisations importantes de la société civile ne se sont pas déplacées à Brazzaville, au motif qu’une telle réunion devait avoir lieu à Bangui sans la participation de groupes armés. Plus grave, les divers courants de l’ex-Séléka n’avaient pas une position commune sur ce Forum. La branche la plus radicale, dominée par Nouredine Adam et Michel Djotodia, entendait défendre l’idée d’une partition plutôt que de négocier sur la fin des hostilités. Il n’est donc pas étonnant que les deux leaders historiques de l’ex-Séléka aient dénoncé l’Accord et suspendu les signataires3. La nébuleuse anti-balaka était représentée par des politiciens opportunistes sans grande influence sur la myriade de groupes armés autonomes se réclamant de cette mouvance. La fragilité de l’Accord de Brazzaville réside également dans « les largesses » du Médiateur Denis Sassou Nguesso qui ont été déterminantes pour la signature de l’Accord. Comme souvent en Centrafrique, les « encouragements financiers » l’emportent sur la volonté politique et l’intérêt général.4

Didier Niewiadowski

Conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France de Bangui (2008-2012

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