Je tiens à remercier avant toute chose la société africaine de droit international et la fondation Keba M’Baye pour l’organisation de ce colloque et d’avoir retenu ma contribution qui porte sur le règlement des différends liés aux frontières dans la corne de l’Afrique.

Un adage tigréen dit qu’« il faut plus regretter la perte d’un pain injustement enlevé qu’un mulet justement perdu ». En effet, cet adage nous éclairera plus tard pour mieux comprendre la position érythréenne. Le spécialiste des frontières, Daniel Bardonnet disait que « les frontières terrestres recèlent, dans l’imaginaire des peuples comme dans leur inconscient collectif, une dimension affective, pour tout dire sacrée, et par conséquent un potentiel passionnel ».

Tout comme le reste du continent, la corne de l’Afrique fut l’objet d’un partage entre les puissances coloniales lors de la conférence de Berlin de 1885. Cependant à la différence des autres régions, la défaite historique des italiens à Adoua contre les éthiopiens (en 1896 ou dix années plus tard) change la donne. Car c’est la première fois que les puissances coloniales reconnaissent à l’empereur éthiopien Ménélik « des droits historiques » sur tout l’intérieur de la région par le biais de plusieurs traités et se contentent de régner sur les territoires côtiers. Néanmoins, les traités négociés à cette époque ne font qu’œuvre de délimitation sans être suivi d’une opération de démarcation. Ce flou (ou plutôt cette imprécision) matérielle volontairement entretenu par les états occidentaux sera source de tension (…)

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